Un peu d’histoire

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Jaquier Emilie

“Oublier son passé, c’est être condamné à le revivre” GANDHI

.… Cela semble être le cas aussi pour l’ANPP, puisque les problématiques, questionnements identitaires et autres réflexions qui animent les comités d’années en années ressemblent de façon troublante aux problématiques et réflexions de nos prédécesseurs.

C’est notamment ce que l’on peut découvrir au travers du récit d’un membre fondateur, Marcel Cotting, et également dans la plaquette commémorative des 25 ans de l’ANPP. Ces travaux remarquables faits sur les archives de l’association mettent notamment l’accent sur la nécessité d’une transmission -à travers le temps- du savoir et des acquis associatifs.

C’est dans le but de servir de mémoire à l’ANPP, que ce contenu est diffusé, afin notamment de ne pas cycliquement réinventer la roue.

Le comité, en la personne de son président, remercie Valérie et Anne-Dominique pour ce travail de recherche à la fois documentaire et porteur de sens. En effet ce texte met en évidence les soubresauts de l’association, les projets avortés mais aussi ses combats gagnés et la mobilisation dont ses membres ont su faire preuve dans les moments difficiles. Mon souhait, pour le futur de l’ANPP, est que nous puissions documenter correctement nos réalisations et que la relève soit suffisante pour mener à bien des objectifs à plus long terme. Si cela se révèle possible alors nous n’aurons plus à réinventer la roue génération après génération: nous pourrons profiter de nos acquis et les consolider.

Je vous enjoins à lire, pour votre plaisir autant que pour votre information, ce texte écrit de manière très vivante par nos deux «psychologues-historiens».

Patrick Surdez

Avant-propos

L’idée de cette plaquette naquit il y a 5 ans lors d’une discussion entre certains membres qui mandatèrent le comité d’alors de réaliser un tel projet: il était question de confier cette tâche à de jeunes psychologues, en recherche d’emploi, avec une rémunération substantielle à la clé.

Fraîchement débarquées de l’université, avides d’investissements professionnels, appréciant le gain qui viendrait compléter nos petits salaires de stagiaires et préoccupées par notre avenir qui se dessinait sous la forme d’un champ de bataille, nous nous sommes lancées dans cette aventure associative qui, à l’instar de certaines autres aventures ont faillit ne jamais voir le jour.

Bravant les aléas de la vie en général (tourbillon professionnel, formation, supervision, diplôme post-grade, amoureux, mariage, bébé et autres fêtes en tous genres), nous nous sommes attelées à la tâche et partageons avec vous désormais notre exploration dans les méandres du passé de notre association, sous une forme subjective qui n’exclut pas erreurs et interprétations de notre part. C’est pourquoi nous vous prions de ne pas nous en tenir rigueur et nous nous excusons par avance d’avoir peut-être travesti la réalité que certains d’entre vous connaissent, tant il est vrai que le travail sur le passé n’est pas exempt de failles et d’incertitudes.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous souhaitons remercier toutes les personnes qui ont soutenu d’une manière ou d’une autre la vie associative et sans lesquelles rien de tout cela ne serait arrivé …

Valérie Béguin

25 ans de notre association ou voyage historique chez nos pionniers

Par Anne-Dominique Moosmann Viennet

L’ANPP … une association qui, en 1995, année où nous avons obtenu notre licence en psychologie, nous semblait être l’étape nécessaire pour nous, jeunes psychologues, en recherche d’une identité professionnelle. Cette ANPP recelait alors des noms mystérieux, parfois connus, et surtout dignes d’admiration … la plupart de ces personnes avaient réussi à pratiquer ce qui était notre rêve alors: la psychologie, et surtout la psychothérapie.

Ainsi, c’est un voyage dans le temps qu’il nous est donné de faire en l’honneur des 25 ans de notre association. C’est aussi une manière de rendre hommage à nos pionniers qui ont souhaité que vive notre profession. Par le biais de l’association, ils ont voulu définir leur identité professionnelle, partager leur expérience et rechercher le soutien nécessaire auprès des collègues dans leur pratique parfois bien solitaire. Quelle nostalgie constatée devant un tel dynamisme partagé (nous semble-t-il) lorsque nous les imaginons s’organiser sortie, apéro et bonne bouffe (mais nous n’y étions pas et cela n’est peut-être qu’un rêve idéalisé dans la tête de jeunes psychologues en quête d’identité) !

Nous avons essentiellement travaillé avec les archives de l’association. Qui dit archives, dit vieux documents: non datés, non adressés, incomplets, déchirés, voire absents. Parfois même les textes nous demeuraient obscurs et franchement énigmatiques. Qui sait? peut-être allions-nous tomber sur des secrets? des photos? Malheureusement, les psychologues ont soigneusement fermé les portes qui nous auraient conduites dans l’envers du décor. Ainsi soit-il ! Nous n’avions pas la prétention de mettre notre ordre à nous dans les archives. Nous les avons donc gardées telles quelles, dans l’idée de les découvrir et d’essayer d’articuler les informations qui se présenteraient à nous, non pas dans un souci de découvrir la vérité, mais plutôt dans le désir de faire partager de manière subjective nos « découvertes ». Nous avons donc procédé sans la photo qui nous aurait peut-être permis de donner un visage à cette association, et sommes parties de la question fondamentale: “quelle identité pour les psychologues ?”, question que nos pionniers se posaient alors, bien avant nous, et qui les a réunis un beau soir d’hiver de l’année 1975, rencontre qui fut le prémisse pour la fondation de l’association neuchâteloise des psychologues … (et des autres).

Déjà une question se posait à travers l’intitulé de notre association: “Association neuchâteloise des psychologues” ou “Association neuchâteloise des psychologues et psychothérapeutes”, autrement dit ANP ou ANPP ? Quels psychologues, quels domaines de prédilection, quels objectifs alors que la psychologie en était à ses débuts dans sa définition ? Les choses prirent forme peu à peu: l’ANPP décida d’accepter les psychologues dans leur pluridisciplinarité et choisit de s’orienter dans la promotion de la formation et du perfectionnement, visant la reconnaissance légale de la profession, l’information auprès du public, le code déontologique, etc. Les dés étaient jetés !

Quelques souvenirs échappés des archives

Rappelons les faits: il y a quelque 25 ans, plus précisément le 28 janvier 1977, une bonne trentaine de psychologues se réunissaient pour discuter de l’existence de l’association neuchâteloise, car tel était leur besoin. La quête d’une identité était posée: allait-on défendre le titre, une fonction ? L’association devait-elle être ouverte à des licenciés en psychologie, à des praticiens ? Quelle place pour la psychothérapie ? Les futurs membres ou membres fondateurs ne voulaient pas dans l’immédiat d’une association de type syndicaliste ou politique. Durant presque deux ans, cette commission entreprit la tâche d’élaborer un projet de statuts.

La première assemblée eut lieu le 11 mars 1977 aux Hauts-Geneveys. La majorité des personnes alors présentes s’accordaient à dire que l’association devait être ouverte de façon très large et que toutes les personnes présentes lors de la première assemblée étaient considérées comme membre fondateur (liste ci-après). Déjà se posait la question de la formation des membres, mais il demeurait difficile de prétendre que son voisin de droite était plus stable que celui de gauche. En acceptant d’ouvrir les portes à un maximum de personnes, les membres souhaitaient utiliser les forces vives et énergiques disponibles (circulaire du 26 septembre 1977, signée par M. Cotting).

Le 6 mai 1977, l’élection du comité, le montant des cotisations furent énoncés. Le premier président fut Marcel Cotting, le premier secrétaire fut Marcel Guyot. Parmi eux, au sein comité, figurèrent Mady Jemmet, Jacques Laufer, Ferdinand Maire, Bernard Marchand, Antoine Papaloizos, Mitchell Ritter

Première étape: La reconnaissance par les autorités cantonales

Nos pionniers avaient à cœur de se faire connaître auprès du grand public et de nos autorités, en adressant moult lettres d’informations. Mais alors que les départements des Finances et de l’instruction publique ne voyaient aucun inconvénient à la création de cette petite association, le département de l’Intérieur remuait ciel et terre pour que l’on fasse taire cette bande d’hurluberlus qui prétendaient se substituer au sacro-saint corps médical en s’appelant psychothérapeutes (lettre du département de l’intérieur – du 5 mai 1978), au point que le conseiller d’État de l’époque, Jacques Béguin, demanda que notre association s’appelât « association neuchâteloise des psychologues» et des psychologues seulement, puisque la pratique de la psychothérapie relevait du domaine médical.

Environ huit ans après l’information faite au département de l’intérieure, notre association fut reconnue par les autorités cantonales comme association professionnelle. Ouf ! Cependant, les autorités demandaient de rajouter un “psychologue” de plus dans l’intitulé, afin d’éviter toute confusion avec le corps médical: notre association devenait ce que nous autres, jeunes psychologues, avons toujours connu, à savoir « association neuchâteloise des psychologues et des psychologues-psychothérapeutes », titre quelque peu redondant, mais donnant à l’association son identité.

Mais qui donc est éligible ? Ou comment ne pas accepter n’importe qui dans nos bastions ?

En 1977, l’article 4a des statuts dit que le membre ordinaire est une personne exerçant dans le canton et qui est en possession d’une formation de niveau universitaire en psychologie ou une formation en psychothérapie reconnue par l’association. D’autre part, dans l’article 4b, il est précisé que sont admis comme membres associés les étudiants immatriculés dans une faculté ou dans un institut universitaire en psychologie. Cette même année, le comité évoquait les difficultés liées à l’éligibilité au sein de l’ANPP.

Certains de nos membres fondateurs au parcours prestigieux ne correspondaient pas aux critères d’éligibilité: d’aucuns n’avaient pas de licence ou de diplôme en psychologie et d’autres, bien que possédant une licence, ne pratiquaient pas. Les cursus étaient multiples et très diversifiés: licence en psychologie, certificat de psychologie et sciences pédagogiques, brevet d’aptitudes pédagogiques, attestations d’études en psychologie, certificats de psychopédagogie générale, certificats de psychologie et pédagogie, licences es-sciences sociales, suivis de cours en tant qu’auditeurs, etc. Certains membres avaient été assistants sociaux ou instituteurs, d’autres employés de commerce ou mécaniciens de précision; certains avaient étudié ici ou ailleurs … ces parcours attestaient un cheminement de vie aboutissant à la psychologie, à la psychothérapie, alors que ce n’était pas leur choix initial. D’un point de vue académique, leur fom1alion faisait défaut; mais d’un point de vue pratique, cette capacité de remise en question et de travail sur soi n’était-elle pas le signe attendu chez les psychologues? N’oublions pas que la plupart de nos penseurs en la matière n’auraient pu faire partie de notre association, puisque n’ayant pas la formation requise…

Possibilité était faite pour les membres d’exclure leurs collègues, en présentant leur demande au comité, notamment si ces derniers n’avaient pas la formation adéquate: la question de la formation académique a longtemps posé problème car certaines personnes pensaient que ce critère permettait à l’association de passer pour sérieuse; d’autres ripostaient que c’était la pratique professionnelle qui déterminait les capacités de chacun, bien plus que les études.

Dans un courrier datant d’octobre 1977, le comité se prononça sur la professionnalité plutôt que sur les équivalences des diplômes académiques: il entendait ainsi revaloriser la formation continue et un projet professionnel concerté et cohérent (la quête même de la professionnalité), et lutter contre la routine et le manque de motivation professionnelle qui auraient pu entraîner l’exclusion de l’association. Les débutants deviendraient des membres associés, statut fonctionnant comme une anti-chambre, pour autant que ces personnes continuent leur formation, à l’instar des étudiants.

Par la suite, la condition de la professionnalité laissera place à la formation académique, lorsque l’ANPP adhérera à la FSP.
Quotidien d’une association: Où le dynamisme côtoie les mouvements d’humeur

L’un des objectifs de l’association fut de faire sortir les membres de l’anonymat, dans un souci de familiarisation: on leur demandait des informations concernant leur pratique professionnelle actuelle et antérieure, leur formation ainsi que leurs intérêts professionnels. Mais surtout figurait au CV des futurs membres une rubrique concernant leurs intérêts extra­professionnels : il est amusant de constater que, si certains répondaient à la question sur un plan professionnel, d’autres se dévoilaient sur un plan plus personnel en évoquant leur hobby (train miniature, orgue ou jazz).

En outre, des lettres (1982) étaient adressées à tous les psychologues non membres pratiquant dans le canton, pour les informer de l’existence de l’association et leur proposer le cas échéant une adhésion.

En parallèle, l’ANPP mit sur pied diverses commissions et groupes de travail et était sollicitée par d’autres groupes extérieurs, de façon à élargir ses activités et réflexions. Dans les afll1ées 90, les commissions. foisonnaient et nous n’avons pas toujours bien saisi les raisons et le moment de leur émergence.

Cependant, il s’est avéré que le comité s’est souvent senti bien seul devant l’inertie de ses membres. Bien que la tâche du comité était, comme le soulignait M. Cotting dans son rapport annuel 1977, d’exécuter et de coordonner ce que l’assemblée décidait de faire, les membres interpellaient fort peu le comité et il n’était pas simple de trouver une relève. Les différents comités ne se sont pas toujours sentis soutenus ou appuyés. Il est fait mention, et cela se constate la plupart du temps, d’abstentionnisme lors des assemblées, des séances de comité, des séances d’information, des sorties, etc.

Devant l’ampleur des tâches (reconnaissance de la profession – mais de laquelle ?; reconnaissance devant les autorités; adhésions diverses), devant des personnes divisées car n’ayant par le même intérêt, les présidents ont fait part à plusieurs reprises de leur constat quelque peu découragé: manque de sentiment d’appartenance (Malou Jaggi, rapport de la présidente pour 1983) ou niveau de motivation aléatoire (Mireille de Meuron, rapport de la présidente pour 1986). Signalons même, que dans ses débuts, l’ANPP a vécu la démission en bloc du comité lors de l’assemblée générale du 3 novembre 1978, faute de soutien. Enfin, relevons un fameux 1er juin 1983, où l’association avait prévu une séance d’information avec l’ASP à laquelle ont participé: le comité, 3 membres du comité ASP et 2 membres ANPP ! Il semble difficile de garder une foi inébranlable devant une telle mobilisation ! Quelques tentatives de solliciter les membres par le biais de questionnaires ne se couronnèrent pas de succès et laissaient les membres actifs perplexes !

Mais il serait injuste d’en rester là, car il y eut, en parallèle, une mouvance et un dynamisme qui s’ouvrirent sur des séminaires et des propositions de fool1ation : que l’on constate les échanges épistolaires avec Françoise (Dolto), Marie-Louise (von Franz) et André (Green) qui n’aboutirent malheureusement pas, et les conférences, pour lesquelles on recherchait des sponsors: en 1987, Lucio Bizzini, Michel Solié, Paul Racamier, René Diatkine et Ruth Anul1an, puis en 1988, l’équipe de Maud Malmoni, Dora Kalff, etc, et en 1989, Philippe Jeanul1et, Anna ­Maria Nicolo. En 1993, on assistait à Wl congrès sur « L’émergence et les ratés du penser », accueillant Didier Anzieu, Serge Boimare et Daniel Stem. Pour marquer les 20 ans de l’ANPP, trois colloques ont été organisés dans trois domaines spécifiques de la psychologie (psychothérapie, psychologie du travail, orientation scolaire et professionnelle), dans le but de percevoir la complémentarité de notre profession.

Dynamisme constaté également lorsqu’il s’agissait d’intervenir auprès de la fonction publique, soit pour défendre l’un de ses membres, fonctionnaire, ou pour défendre des statuts menacés (inconvénients de service à l’Etat, supervisions données par des collègues expérimentés, annualisation du temps de travail, évaluation des fonctions au sein de l’administration).

Le travail consistait à réfléchir à la place du psychologue dans la société car cette profession souffrait d’un statut souvent peu valorisé. Il s’agissait de prendre la défense d’une profession mal ou pas du tout comprise par le quidam ou par la presse. Celle-ci voyait en nous, à l’occasion, des sorciers, des charlatans, et tutti quanti: que l’on se remémore les courriers échangés avec les autorités quand le directeur de l’école normale, brigadier de surcroît, s’était lancé dans une diatribe contre les psychologues qu’il désirait enfermer « pour cause d’objectalisation des êtres humains » !

En outre, ces dernières années ont vu apparaître une multitude de projets qui ont conduit de nombreuses sollicitations extérieures, à la fois émanant de la FSP et des associations cantonales romandes, requêtes demandant un large investissement, pas toujours compatible, malheureusement, avec une vie bien remplie sur tous les plans!

Adhésion à une association faîtière

Se retrouver dans une association faîtière était un souhait des psychologues suisses depuis les années 60-70. C’était le désir de rassembler tous les psychologues, toutes formations confondues, d’où le désir de l’ANPP de demander des possibilités d’adhésion à d’autres sociétés -SSP, ASP (notons que l’ANPP envisageait en 1983 de s’affilier à l’ASP quiavait entrepris des démarches sur le plan fédéral pour lareconnnaissance de la profession libérale de psychothérapeute.): dès 1985, les événements laissèrent planer des nuages noirs concernant la pratique psychothérapeutique qui était en danger pour les psychologues et ce, pour des raisons politiques et non par manque de compétence. Lorsque la FSP voit le jour en septembre 1987, elle répond à ce besoin de réunion, mais exige de la part de ses membres qu’ils possèdent une formation universitaire complète en psychologie. Ce n’est qu’à cette condition que la FSP pourra, éventuellement, s’associer à d’autres associations de psychologues.

Le 19 septembre 1987, la FSP était fondée. Saluons encore une fois Marcel Cotting, nommé alors membre du comité de la FSP. L’ANPP participa à la fondation de la nouvelle FSP dont le but fut – et est toujours – la défense et la protection du titre de psychologue. Les statuts (en particulier ce fameux article 4) durent être modifiés, car seuls les membres ANPP ayant une formation universitaire complète en psychologie pouvaient devenir membres ordinaires. Restait toutefois la possibilité de devenir membre extraordinaire ANPP à la personne ne satisfaisant pas cette condition.

On sait par la suite combien la cohabitation entre l’ASP et la FSP sera difficile, la FSP ne souhaitait concéder aucun monopole à l’ASP quant à la psychothérapie. L’ASP était pourtant désireuse de travailler dans un lien étroit avec la FSP concernant cette délicate question. L’ANPP, comme les autres associations cantonales, a mal vécu ce conflit qui a conduit nos membres à remettre en question l’affiliation à la FSP (AG du 27.11.1996), lui reprochant de mener une politique contre-productive dans le domaine de la psychothérapie. Malgré tout, l’ANPP ne quitta pas de sa fédération. Actuellement notre association soutient le projet de loi sur la psychologie, élaborée par la FSP, en vue de la protection du titre de psychologue.

La psychothérapie: une échine dans le pied des médecins et des psychologues

En 1952, paraissait la Loi sur l’exercice des professions médicales dans le canton de Neuchâtel, stipulant que la profession de psychologue était une profession paramédicale sous contrôle du corps médical.

Le 13 mai 1969, un arrêté du département de l’instruction publique stipulait que « les personnes autorisées à utiliser la psychologie pour l’examen et le traitement des troubles et affections psychiques devaient offrir toutes garanties de santé et de moralité» (sur la base de certificat médical et de bonnes mœurs). En outre, ils devaient être en possession d’une licence, d’un diplôme ou d’un certificat délivré par un institut ou une école supérieure agréée par le département de l’intérieur, ou par un psychanalyste, attestant l’achèvement d’études en psychologie et en psychanalyse. Les demandes d’autorisation devaient se faire sous l’égide d’un médecin spécialiste en psychiatrie ou en psychanalyse qui assumait la responsabilité de l’activité du psychologue.

Ainsi, les critères concernant le droit de pratiquer demeuraient flous, mais surtout, ils nous plaçaient sous la tutelle médicale.

Il n’est donc pas étonnant de constater que la problématique liée à la psychothérapie se dégage, dès les débuts de l’association: quelle définition donner à la psychothérapie ? En juin 1978, il fut proposé dans une lettre adressée aux membres de constituer un groupe de travail qui s’attellerait au problème de statut du psychothérapeute (PV du comité du 8 juin 1978) Le comité d’alors décida d’entériner l’existence de ce groupe en lui donnant le statut d’une commission qui définirait elle-même ses buts. Parallèlement, un autre groupe de psychologues-psychothérapeutes indépendants, désireux que l’association soutienne leur démarche, élaborait un projet visant à réglementer la pratique des psychologues-psychothérapeutes exerçant en privé dans le canton.

Les inquiétudes concernant la pratique étaient importantes: comment les psychologues se sentaient-ils lorsqu’ils apprenaient que la psychothérapie était du ressort médical ? Les choses alors se précipitèrent: en début de l’année 1978, des médecins s’adressant au médecin cantonal demandèrent à participer à l’élaboration d’un statut concernant la pratique des psychothérapeutes non médecins, dans un caractère d’urgence. Cette requête excluait les principaux intéressés, à savoir les psychologues. Qu’à cela ne tienne ! les psychologues réagirent en mettant sur papier un projet de règlement concernant l’exercice indépendant de la profession de psychologue-­psychothérapeute. Et, sur leur lancée, ils entreprirent avec la Fédération neuchâteloise des caisses-maladie, à partir de 1987, un travail de négociation pour la reconnaissance du droit de pratique.

Les embûches furent nombreuses ! En effet, plusieurs moutures quant au droit de pratiquer furent élaborées jusqu’à la présentation définitive au département de l’intérieur, le 18 février 1988, et arrêtée par le Conseil d’Etat, le 4 mai 1988. Dix ans plus tard, le groupe psychologue-­psychothérapeute termina son travail concernant les critères pour l’obtention du droit de pratique, en collaboration avec le service de la santé publique, donnant ainsi un cadre pour les futurs psychothérapeutes non médecins (1998), Bien que ces critères nous semblent être largement inspirés par les critères exigés pour les futurs psychiatres, l’ANPP a voulu de cette manière défendre les prestations offertes par les psychothérapeutes non médecins pratiquant de manière indépendante. Dans un souci de se montrer aussi bien fom1és, si ce n’est mieux que les médecins, les futurs psychologues-psychothérapeutes neuchâtelois doivent à présent présenter, pour leur droit de pratique cantonal, un cursus différent de celui exigé par la FSP…

Quelques mots pour clore

Les années passent… et se ressemblent dans le fond, Malgré un désir de toucher toutes les orientations de la psychologie par une politique professionnelle globale, on constate que toutes ces années ont été consacrées principalement à la défense de la psychothérapie, dont la situation a été critique, C’est l’un des domaines (qui comprend formation et séminaires) qui fut et est actuellement très investi. Tout le travail accompli a porté ses fruits.

Toutefois cette rétrospective de notre histoire associative montre que certains thèmes ont été abordés, puis oubliés, puis réélaborés comme s’il s’agissait d’idées nouvelles, A la lecture des archives, nous avons eu le sentiment de gravir une spirale: pendant 25 ans, l’ANPP tout en poursuivant son chemin n’a cessé de se poser les mêmes questions, de rencontrer les mêmes obstacles, d’avoir les mêmes débats et les mêmes idées: on a le sentiment d’un déjà vu, d’un déjà pensé qui n’a pu être mené à son terme faute d’une transmission d’une génération à l’autre. On se souvient d’une assemblée générale où l’une de nos collègues proches, fière de présenter le projet romand pour une meilleure coordination (GIR – groupe intercantonal romand) comme s’agissant d’une chose tout à fait novatrice, toute surprise d’entendre de la bouche d’un ancien membre qu’un tel groupe avait déjà existé (CCACL) et qu’une grande partie du travail avait déjà été en son temps élaboré, mais que faute de relève, il s’était évanoui quelques années auparavant. En outre, nous avons appris que, déjà en 1989, la police cantonale avait demandé à l’ANPP si des psychologues étaient intéressés à faire partie de l’état major cantonal de crise ou de prise d’otages. Cette question est débattue actuellement, dans le cadre de la psychologie de l’urgence, mais connaissait-on cette expérience préalable ?

Nous constatons donc que la trace écrite seule figurant dans les archives ne suffit pas à perpétuer la mémoire, mémoire essentielle pour donner sens aux projets et apprendre des erreurs. La mouvance des personnes s’investissant dans l’association empêche de construire l’avenir en ajoutant des pierres sur des piliers déjà solides. Comme si, au lieu de terminer les colonnes d’un temple pour le fortifier, l’embellir et l’agrandir, de nouveaux ouvriers creusaient à ses côtés de nouvelles fondations, parfois novatrices, parfois semblables. Constatation étonnante pour des professionnels sensibilisés à l’importance de la mémoire et de la trace du passé !

D’autre part, ce voyage dans le temps nous laisse avec le sentiment que l’identité du psychologue ne cessera de se penser longuement pour être définie, ou qu’elle est indéfinissable justement de par sa spécificité. Dès lors, comment défendre une profession qui tire sa spécificité de son flou ? Sans doute, en cherchant à prouver sa valeur: la recherche de critères de professionnalité, la tentative constante de démontrer nos réelles compétences et notre utilité sociale va dans ce sens, avec le risque de rendre le chemin pour atteindre cette identité digne d’un véritable parcours du combattant ! Evoquons pour illustrer ces propos la difficulté qu’a eu (et a toujours) l’ANPP à établir une liste détaillée des psychologues du canton: comment présenter nos membres ? comment se définissent-ils eux-mêmes ? comment se présentent-ils à l’extérieur ? avec quels critères de spécialisation ? qu’est-ce qui doit apparaître sous un nom pour valoriser les uns sans prétériter les autres ? et nous y revenons …. certains psychologues sont plus psy que d’autres, ou plus psy-psy que d’autres, ou encore plus cliniciens, plus orienteurs, plus psychodynamiques, plus systémiciens, plus scolaires (nous en passons, évidemment !) mais jamais psychologues tout court, ça ne suffirait pas !

Est-ce à dire que le terme « psychologue» est dévalorisé par les psychologues eux­-mêmes ! et au sein même de leur association ? Difficile question de l’identité, quête d’un Graal à la fois individuel et groupal ! Et c’est bien sûr la raison de l’existence de l’association. Sans savoir qui nous sommes vraiment, nous savons au moins avec qui nous nous réunissons, une fois l’an, avec un plaisir renouvelé ! Des psychologues en 1977 ont fait exister une association qui, depuis lors, tente d’offrir aux psychologues un sentiment d’appartenance. En son sein, nombre d’idées sont lancées et débattues. Plusieurs projets sont évoqués, certains menés à terme avec succès, d’autres ébauchés, puis oubliés. Ceci le plus souvent par manque de gens pour prendre la relève…

Cependant, suite à ce voyage dans le temps qui a suscité en nous (psychologues plus si jeunes que ça !) de nombreuses réflexions, nous nous réjouissons de vous retrouver, chers membres de l’ ANPP (peut-être en quête d’identité !), à la prochaine AG pour débattre quelque projet et, aussi, en rire ensemble!

Anne-Dominique Moosmann Viennet

Présidence et secrétariat

AnnéePrésident, e
Secrétaire
1977Marcel CottingMarcel Guyot
1978Marcel CottingMarcel Guyot
1979Jean-Pierre VandenboschDerrick Pepin
1980Jean-Pierre VandenboschDerrick Pepin
1981Marcel GuyotJean-Pierre Vandenbosch
1982Marcel GuyotJean-Pierre Vandenbosch
1983Malou JaggiJean-Marc Chappuis
1984Malou JaggiJean-Marc Chappuis
1985Mireille de MeuronFrancois Badoud
1986Mireille de MeuronFrançois Badoud
1987Viviane BovetFrançois Badoud
1988Viviane BovetJean-Marie Fragnière
1989Bernard KraussMariella Giovannini
1990Bemard KraussMichèle Grossen
1991Bemard KraussMichèle Grossen
1992Claude BlattiCaroline Dubois
1993Claude BlattiAstrid Reichenbach
1994Claude BlattiIsabelle Rollier
1995Claude Blatti (prés. ad interim)Isabelle Rollier
1996Michèle RodéIsabelle Rollier
1997Michèle RodéValérie Béguin
1998Michèle RodéValérie Béguin
1999Alain NeuenschwanderValérie Béguin
2000Alain NeuenschwanderValérie Béguin
2001Alain NeuenschwanderIsabelle Piérard
2002Patrick SurdezIsabelle Piérard
2003Patrick SurdezIsabelle Piérard
2004Patrick SurdezMolnar Katja
2005Stern DanielMolnar Katja
2006Stern DanielMolnar Katja
2007Stern DanielMolnar Katja
2008Stern DanielJean-Christophe Berger
2009Stern DanielMagali Kraemer Voirol
2010Jean-Christophe BergerMagali Kraemer Voirol
2011Jean-Christophe BergerMagali Kraemer Voirol
2012Jean-Christophe BergerMagali Kraemer Voirol
2013Poste vacantMagali Kraemer Voirol
2014Poste vacantTamara Ventura
2015Noëlle-Christine BerthodTamara Ventura
2016Tamara VenturaMarta Ventura
2017Tamara VenturaMarta Ventura
2018Tamara VenturaMarta Ventura
2019Tamara VenturaMartha Ventura
2020Tamara VenturaCaroline Bianchi
2021Tamara VenturaCaroline Bianchi
2022

Gaetane Donzé

Caroline Bianchi

Sandra Bon

Liste des membres fondateurs

AUGSBURGER Dominique – BADOUD François – BARRELET Jean-Jacques – BENICHOU Michèle – BOILLAT Hugues – BONCUK Virginie – BOURQUIN Anne – BROUILLIOT Maurice – CARDINET Jean – CETLIN Christiane – CETLlN Daniel – CHANCEREL Jean-Louis – COGNARD Annie – CORNU Denise – COSTE Claudia – COTTING Marcel – DE COULON Louis-Philippe – DE DARDEL Catherine – DESHA YES Liliane – DROZ Myriam – DUCOMMUN Claude – FANAC Raymond – GOLLlARD Danièle – GONTHIER André – GUYOT Liliane – GUYOT Marcel – JAGGI Malou – JEANDROZ Claude – JEANNET Mady – JEANNET Maurice – KUMMER André – LAUFER Jacques – LlENERT Félix – MAIRE Ferdinand – MARCHAND Bernard – MATILE Denise – MAULER Nelly – MULLER ROSSELET Claudine – PAPALOIZOS Antoine – PEPIN Derrick – PERRET Yvette – PORCHET André – PORRET Jean – RITTER Mitchell – ROMANOWSKA Bénédicte – ROMANOWSKI Wojciech – STEIGER Chantal – VANDENBOSCH Jean-Pierre – WILDI Marc

Liste des membres du premier comité

Président: Marcel COTTING
Secrétaire: Marcel GUILLOT
Membres: Mady JEANNET – Jacques LAUFER – Ferdinand MAIRE – Bernard MARCHAND – Antoine PAPALOIZOS – Mitchell RITTER

Le “Calendrier des Assemblées générales” du document original n’est pas rapporté ici. Les personnes intéressées à consulter les résumés des AG de 1977 à 2002 peuvent contacter le comité.

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